Suite des inédits de Matthieu Lauffray avec cettes fois-ci la genèse du visuel du tome 02 de Long John Silver...
Voir le dossier principal ici :
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et
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La couverture du 2ème album de Long John Silver m'a posé moins de problèmes que la première… La série était lancée, le logo était en place et ce deuxième livre était un huis clos maritime.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour arrêter cette idée qui n'en étais pas vraiment une : dessiner un bateau.
Je ne vais pas me lancer dans l'éternel débat du fond et de la forme, d'abord car il est complexe et ensuite car je n'ai pas de réponses pertinentes. Je dois tout de même préciser que lorsque j'annonçais mon intention, elle fut prise avec frilosité. La surprise m'en fut grande dans la mesure où j'attendais un argument fort recevable par ailleurs dans le genre de :
« Voila une idée bien bateau ! »
Je m'y préparais donc mais le reproche fut de toute autre nature et bien plus inattendu :
peut-on faire une couverture sans personnages ?
Voila un argument que je n'attendais pas. Pas une seconde je n'avais pensé à ce problème auparavant, et voulez vous que je vous dise ? Je suis sur que vous non plus...
Il y a une raison à cela, c'est le genre d'argument que l'on entend chez les professionnels, car à force d'être professionnel on oublie l' « évidence », on raffine, on élabore et bientôt on oublie l'évidence ; un bateau c'est cool et ça a une fichue gueule ! Mais le doute était là...
Nous nous sommes donc mis à la recherche d'une seconde idée.
Je ne vais pas détailler le processus complet, mais voilà ce que cela donna :
Peut-être aurait-ce été plus approprié, plus spectaculaire, je serai bien incapable de le dire et vous laisse le soin de le déterminer... En parallèle, je tenais bon sur mon idée première et esquissait quelques roughs :
J'aimais l'idée du vent du large, de la simplicité de cette image sans "actions" proprement dite, sans conflits.
Une image qui dise la beauté d'un navire immense bravant les flots, avançant vers l'inconnu !
Mais voila, je trouvais tout cela bien mou. J'avais beau saturer, basculer l'horizon, recadrer, rien à faire. Etais-je incapable de résoudre cette image ? Etait-ce une mauvaise idée ?
Ce fut François Lebescond, notre éditeur, qui me mis sur la voie. Un éclair, me dit-il...
Un Eclair ! Mais oui ! C'était évident, un contraste maximum pour un effet silhouette optimum ! Il fallait essayer !
Je me remis au boulot et voila le rough obtenu :
Cette fois ce fut l'évidence, et il n'y eu plus qu'à finaliser la coquine sans trop perdre l'irremplaçable nervosité d'un dessin gestuel, ouvert, qui laisse ainsi toute sa place ou pouvoir d'expression du dessin.
Fin...